54 salariés de Vittel et Contrex attaquent Nestlé pour abus de CDD
Cinquante quatre salariés de Nestlé, ayant accumulé plusieurs centaines de CDD sur les sites de Vittel et Contrexéville (Vosges), ont attaqué vendredi l'entreprise devant le conseil des prud'hommes d'Epinal pour demander leur intégration au groupe.
Certains d'entre eux ont travaillé en contrat à durée déterminée (CDD) pendant douze ans pour le groupe sans obtenir un contrat à durée indéterminée (CDI).
"On demande une requalification des CDD en CDI et une indemnisation pour le préjudice subi. On leur a fait miroiter des embauches pendant des années", a souligné Christophe Hummel, secrétaire CGT Nestlé-Waters, pour qui les plaignants sont des salariés "comme les autres" qui travaillent "toute l'année sur les sites".
Une trentaine de salariés s'est réunie vendredi matin devant le conseil des prud'hommes d'Epinal, où cinq d'entre eux ont déposé les dossiers des plaignants, regroupés en cinq lourds cartons, tandis que leurs collègues chantaient l'Internationale.
Des banderoles "Nestlé, créateur de précarité" ou encore "Avec Nestlé, les CDD sont jetés" étaient plantées devant le bâtiment.
"On n'a le droit à rien. En douze ans, j'ai fait près de 270 CDD pour Waters. A un moment, j'ai travaillé deux ans et demi d'affilée sans prendre de vacances. J'ai aussi fait plein de contrats d'un jour. Et il m'est impossible de faire un prêt. C'est la précarité complète", a estimé Gérard Gillet, 36 ans.
Depuis début 2008, les salariés ne sont en outre plus embauchés en CDD mais en intérim, a dénoncé la CGT. "Je ne travaillerai donc plus pour eux. Avec ce nouveau système, on perd même notre ancienneté", a réagi Gilles Albert, 55 ans, recordman du nombre de CDD avec 328 contrats réalisés en 8 ans.
"En créant un matelas de salariés qui sert de variable d'ajustement permanente, de plan social permanent, la direction a transgressé la loi en toute connaissance de cause", a observé l'avocat des salariés, Me Ralph Blindauer.
"La tolérance zéro doit aussi être appliquée pour ce genre de délinquance", a-t-il ajouté.
Nestlé-Waters a "pris acte des déclarations faites par certains partenaires sociaux et du fait que certains anciens salariés du groupe ont demandé une requalification" de leur contrat, a répondu un porte-parole du groupe, ajoutant que "chaque situation allait être examinée une par une".
Nestlé-Waters emploie 1.800 salariés sur les sites de Vittel et Contrexéville (Vosges), de source syndicale. Selon la CGT, le recours au CDD était si massif que plusieurs centaines d'entre eux étaient employés simultanément il y a cinq ans.